Trucs et astuces dans l’atelier de poterie

Sommaire

 

1 — Comment répertorier toutes les astuces partagées des potiers ? 

2 — Protéger les bidons sur le broyeur à jarre

3 — Les plastiques à l’atelier

4 — Un atelier plus flexible grâce aux roulettes

5 — Système de recyclage de l’eau avec un évier de camping

6 — Une astuce pour l’enfournement : les sucres

Introduction

 

Dans l’univers de la céramique, l’ingéniosité n’est pas l’exclusivité de la créativité artistique ; elle imprègne également les situations les plus prosaïques du quotidien de l’artisan. Les potiers ont cette capacité extraordinaire de transformer les contraintes quotidiennes en occasions d’innover. Confrontés à des tâches fastidieuses, ils trouvent toujours des trucs et astuces pour faciliter leur vie à l’atelier.

La quantité significative de vaisselle et d’outils spécifiques à la céramique conduit les potiers à adopter une vision très particulière lorsqu’ils franchissent le seuil d’une quincaillerie ou de tout autre magasin : chaque élément de cuisine, chaque objet du quotidien, est scruté à travers le prisme de son utilité potentielle dans l’atelier. Cette quête permanente d’efficacité est motivée par le désir de minimiser les tâches répétitives et fastidieuses, pour se consacrer davantage à la production et à l’épanouissement créatif.

Les magasins spécialisés en céramique, de leur côté, regorgent d’outils alléchants, mais le prix peut décourager, et les fabriquer soi-même peut s’avérer bien plus gratifiant. Il y a une satisfaction indéniable à créer ses propres outils, surtout lorsque cela se traduit par des économies substantielles. Cette approche DIY (Do It Yourself) n’est pas seulement une mesure d’économie, elle reflète également la créativité qui peut se développer même dans le côté pratique de l’atelier.  

Cet article explore des astuces que nous avons développées dans l’atelier de Créamik et qui peuvent améliorer la pratique de votre métier. Ces conseils sont destinés à enrichir votre expérience de potier pour vous faire gagner en temps, en argent, et surtout, en plaisir de créer.

Comment répertorier toutes les astuces partagées des potiers ? 

 

Avant de plonger dans les astuces spécifiques, abordons un aspect non négligeable : la gestion de toutes ces pépites. Aujourd’hui, les réseaux sociaux, notamment Facebook, regorgent de groupes dédiés au partage d’astuces de poterie, disponibles en français, en anglais, et bien d’autres langues. Deux exemples dans lesquels on trouve une mine d’information : Pottery Tips & Tricks, Trucs et astuces de potiers.

Souvent, une simple image suffit à transmettre une idée géniale. Mais face à cette profusion de conseils, comment s’assurer de ne pas les perdre dans les méandres de notre mémoire ou de nos fils d’actualité ? La première étape consiste à capturer l’astuce, soit par une capture d’écran, soit par une note rapide. Pour ceux qui sont à l’aise avec la technologie, organiser ces informations de manière numérique peut être la voie à suivre. Des dossiers bien nommés sur votre ordinateur ou des applications dédiées à la prise de notes peuvent se révéler très efficaces.

Cependant, ne sous-estimons pas l’intérêt d’un système pratique : l’impression et le collage des captures d’écran dans un cahier-répertoire. Ce système, bien que plus traditionnel, offre un avantage inestimable : la simplicité d’accès. En créant un classement thématique, que ce soit par technique, matériau, ou type d’outil… vous pourrez facilement retrouver l’astuce dont vous avez besoin au moment opportun. N’hésitez pas à créer des renvois entre les sections pour faciliter la navigation dans votre cahier d’astuces. Cette approche manuelle, enrichie au fil du temps, deviendra un outil pratique à feuilleter au gré de vos besoins.

Protéger les bidons sur le broyeur à jarre

 

Dans le foisonnement d’astuces partagées, on pourrait penser que tout a déjà été exploré. Pourtant, certaines idées, par leur simplicité et leur efficacité, semblent échapper à l’attention collective. L’une d’elles concerne la protection des bidons en plastique utilisés sur les broyeurs à jarre, une solution que nous n’avons pas encore vue circuler. Le problème est pourtant bien connu : l’usure répétée du bidon contre les rouleaux du broyeur peut rapidement le détériorer. La solution ? Utiliser une chambre à air de vélo comme couche protectrice.

Comment faire ? Repérer sur le broyeur les parties du bidon qui reposent sur les rouleaux du broyeur. 

À cet endroit, commencer par poser du scotch double face tout autour du bidon, ce morceau doit avoir la largeur du morceau de chambre à air prélevé ; le scotch va coller au bidon et permettra de poser facilement la chambre à air dessus. On peut utiliser une vieille chambre à air, mais aussi une neuve. Il faut la couper en deux dans le sens de la longueur et venir la coller sur le scotch déjà posé en tirant bien pour que la chambre à air soit bien tendue. Enfin, on fixe les deux extrémités à l’agrafeuse. Voici le processus en images : 

 

En enroulant soigneusement la chambre autour du bidon, vous créez une barrière résistante qui amortit les frottements et prolonge la vie de votre matériel.

De nombreux potiers ont choisi d’utiliser ces bidons en plastique plutôt que les jarres traditionnelles à cause du prix. Sur le broyeur, les bidons ont une autre faiblesse : l’étanchéité du couvercle. En effet, celui-ci peut se desserrer à cause des vibrations du broyeur. La solution est d’utiliser du ruban de téflon avant de fermer le bidon. Ce produit est bien connu pour étanchéifier les robinets, par exemple pour arrêter les fuites d’un tuyau d’arrosage, mais ça marche très bien aussi sur les bidons en plastique : 

 

Bidon en action, il ne repose que sur la chambre à air

Et pour parfaire le tout, n’hésitez pas à utiliser un programmateur électrique quand vous vous servez de votre broyeur. Ainsi, vos émaux seront broyés et vous serez tranquille, sans risque de fuite, avec la certitude que le broyage ne durera que le temps souhaité.

Programmateur premier prix,
très facile à utiliser.

Dernière chose sur ce sujet : quitte à utiliser un bidon en plastique, sachez que vous pouvez aussi remplacer les perles de porcelaines qui d’habitude servent dans les broyeurs par des petits galets ou des billes en verres du commerce :

Les plastiques à l’atelier

 

La terre que nous utilisons nous arrive emballée dans du plastique, plastique nécessaire que nous utilisons à l’envi pour conserver la terre, protéger les pièces lors du séchage… Mais nous n’en avons jamais assez par rapport à nos besoins. La solution évidente semble de prendre des sacs poubelles. Les sacs en plastique jetables posent un problème environnemental, car leur fragilité conduit à en changer souvent. Encore une fois, c’est la déambulation dans un magasin qui n’est pas dédié à la poterie qui a conduit à une solution. Ce matériau est souvent juste sous nos yeux, utilisé dans un tout autre contexte : 

Cette grande housse pour plants de tomates permet de tailler des plastiques de toute taille pour protéger des pains de terre, des pièces seules en cours de séchage ou encore des lignées de pièces. Le plastique est d’une épaisseur et d’une souplesse qui conviennent tout à fait à l’atelier de poterie. 

Le rayon jardinage regorge d’astuces pour le potier. Par exemple, si vous avez de grands sacs de matières premières, comment les conserver au mieux tout en les gardant accessibles ?  Les sacs à déchets de jardin sont très pratiques. Mettez vos sacs de matières premières dans un sac en plastique de 100 L, c’est excellent pour protéger de l’humidité. Pour notre part, nous les enfilons par le haut puis nous basculons le sac sur un sac à déchets avec arceaux avant de le déplier : 

 

Pour éviter de laisser le sac à même le sol, le mieux est de le placer sur un plateau roulant :

Un atelier plus flexible grâce aux roulettes

 

Dans la quête d’optimisation de l’espace et de l’efficacité dans l’atelier de poterie, une astuce simple mérite notre attention : l’ajout de roulettes aux meubles et équipements. Cette modification apparemment mineure peut transformer radicalement votre manière de travailler. 

L’installation de roulettes, notamment sous les étagères pour les pièces en cours de séchage, ou même les supports de rangement pour les outils, permet de reconfigurer facilement l’atelier selon les projets en cours ou les besoins spécifiques du moment. Cette flexibilité est particulièrement précieuse dans les espaces restreints, où chaque centimètre carré compte. Les roulettes permettent par exemple d’installer des petits meubles auprès de votre tour, sur lesquels vous posez les pièces que vous venez de tourner sans vous lever. Et quand vous quittez votre tour, le meuble se pousse sans difficulté. 

En choisissant des roulettes de bonne qualité, avec des options de verrouillage pour assurer la stabilité lorsque c’est nécessaire, vous vous offrez la liberté de transformer votre atelier en un lieu dynamique. De plus, la mobilité accrue facilite le nettoyage et l’entretien de l’atelier, elle permet un accès aisé à tous les recoins sans nécessiter de lourdes manipulations.

Bien que l’idée d’ajouter des roulettes puisse sembler basique, son application dans un atelier de poterie témoigne de l’ingéniosité des potiers à trouver des solutions pratiques pour enrichir leur pratique. En adoptant cette astuce, vous choisissez une approche qui valorise la flexibilité et l’efficacité, des qualités importantes pour tout artiste soucieux de son espace de création.

Système de recyclage de l’eau avec un évier de camping

 

Un aspect important dans l’atelier de poterie est la gestion de l’eau, que ce soit pour le nettoyage des outils, des mains et de l’atelier lui-même. La consommation peut vite devenir importante. Récemment, une astuce très intéressante a émergé sur Facebook, elle offre une solution à la fois écologique et pratique : l’utilisation d’éviers de camping pour créer un système de recyclage de l’eau.

Capture d’écran de la page Facebook Pottery Tips & Tricks.

Cette idée ingénieuse repose donc sur l’installation d’un évier de camping équipé d’un système de récupération et de filtration de l’eau. L’eau utilisée pour le nettoyage des outils et des mains est collectée dans un réservoir, où elle peut être filtrée et réutilisée pour les mêmes tâches ou pour nettoyer l’atelier. Ce système réduit la consommation d’eau neuve. Enfin, on peut combiner les idées et installer cet évier sur roulettes.

Concernant toujours la gestion de l’eau, mais cette fois-ci pour le nettoyage des mains, les bassines à bords ronds ne sont pas très agréables, car elles ne permettent pas de bien racler la barbotine des mains lors du tournage. Les meilleures bassines à bords droits que nous avons trouvées sont les récipients d’essoreuses à salade, ils sont grands et les rebords ne sont pas ronds :  

Celui-ci glané chez Emmaüs est parfait ! 

Une astuce pour l’enfournement : les sucres

 

Si vous achetez votre four, prévoyez une plaque d’enfournement supplémentaire. Vous pouvez en utiliser une qui s’est cassée. Vous pouvez aussi en acquérir une d’occasion du moment qu’elle est conforme à la température de cuisson de votre four. Taillez cette plaque en petits morceaux d’environ 4 cm x 4 cm, que l’on appelle sucres. Ils vous permettront d’ajuster vos plaques d’enfournement à une hauteur plus précise que si vous n’utilisez que des piliers :

Sur cette photo, on voit la précision qu’apporte
l’utilisation des sucres

Pour tailler la plaque, tracez les traits que vous voulez suivre, puis utilisez une meuleuse d’angle : 

Celle-ci a coûté 9,90 euros il y a quelques années et elle fonctionne encore très bien ! 

Commencez par creuser un sillon avant de couper complètement la plaque. Puis coupez la plaque d’abord en 2, puis en 4… etc., et à chaque fois, faites un sillon puis creusez-le petit à petit jusqu’à la séparation. Faites cette opération en extérieur, car elle génère de la poussière. Protégez-vous : gants, masques et lunettes de protection. 

Conclusion

 

Nous pourrions continuer longtemps cet inventaire, et nous aurons sûrement l’occasion de compléter ce « cabinet de curiosités » dans d’autres articles. Les éléments abordés ici ne sont peut-être pas tous inédits alors, même si vous avez l’impression d’avoir déjà vu un « truc » évoqué ici, ne passez pas trop vite à côté. Prenez le temps de le reconsidérer, car il pourrait bien cacher un petit quelque chose qui ajouterait une différence dans votre atelier. Et s’il vous est totalement nouveau, vous venez de trouver une autre perle à ajouter à votre collection d’astuces de potier.

Cette exploration de trucs et d’astuces pratiqués par les potiers a mis en lumière une facette essentielle de notre activité : l’esprit de partage. Chaque conseil, qu’il concerne la réutilisation de matériaux, l’optimisation de l’espace de travail, ou la gestion des ressources, souligne combien notre communauté de céramistes est animée par le désir de partager ses découvertes plutôt que de les garder secrètes.

Cette générosité dans le partage des connaissances et des techniques est ce qui rend notre communauté si riche et dynamique. Elle encourage chacun à rester ouvert, curieux, et à contribuer activement au réservoir commun d’astuces et de savoir-faire. En partageant nos trouvailles, nous enrichissons notre propre pratique, mais aussi celle des autres, et nous tissons ainsi un réseau de connaissances qui bénéficie à tous. En faisant circuler nos idées et nos expériences, nous perpétuons une tradition de générosité et d’entraide qui est au cœur de notre activité. Ensemble, continuons à explorer, à apprendre, et à partager. 

 

 

 

Centre de ressources
animé par Matthieu Liévois,
potier-céramiste depuis plus de 40 ans et fondateur de l’école Créamik

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