Comment savoir si l’émail de vos céramiques est alimentaire ?
Nos élèves nous demandent régulièrement si leurs poteries peuvent être utilisées à table, en d’autres termes, est-ce que l’émail des céramiques artisanales est toxique ? Nous hésitons généralement à donner une réponse catégorique à cette question, car beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte.
En effet, il n’est malheureusement pas possible de donner une liste des ingrédients qu’il ne faut pas utiliser pour de l’émail alimentaire, hormis le plomb et le cadmium et le sélénium bien sûr, car tout est question de proportions et de température de cuisson. C’est d’ailleurs pour cette raison que tant de personnes se posent la question, mais comme peu de gens osent se plonger dans le sujet, les réponses sont difficiles à trouver. Mais nous n’allons pas vous laisser dans l’embarras, alors voici quelques bonnes pratiques pour vous aider à évaluer la non-toxicité de vos céramiques.
Quelques règles de base pour vous assurer que votre émail est alimentaire
S’il n’est pas possible d’affirmer de but en blanc que tel ou tel émail est alimentaire, il est tout de même possible de dire qu’il est probable qu’il le soit, s’il répond aux critères suivants :
- Il contient au moins 3 moles de silice
- Il est brillant
- Vous avez pu atteindre 1200°C lors de la cuisson sans qu’il ne coule
- Il contient peu ou pas d’oxydes colorants critiques (Cobalt, Nickel, Chrome, Manganèse, Antimoine, Baryum)
- Il ne contient ni plomb, ni cadmium, ni leurs dérivés
En quoi ces critères peuvent vous donner un indice de non-toxicité de l’émail ?
Si l’émail reste entièrement étanche, qu’il ne s’abîme pas et qu’il ne « suinte » pas certains de ses éléments (comme les oxydes colorants critiques), alors on peut dire qu’il est sans danger. C’est pourquoi il est important de s’assurer qu’il résiste aux acides (tels que les vinaigres) ou aux basiques (comme les produits utilisés dans les lave-vaisselles), pour garantir la sécurité alimentaire d’un émail.
Ainsi, les critères tels que les 3 moles de silice, le côté brillant et la température de cuisson sont les indications qui vous permettent de vous assurer que votre émail résistera aux attaques qui peuvent être immédiates ou sur la durée. En effet, votre saladier va être malmené au fil des ans, entre les litres de vinaigrettes qu’il va contenir et les fréquents lavages !
Comment s’assurer qu’un émail remplisse les critères de non-toxicité ?
Pour savoir si un émail contient au moins 3 moles de silice, c’est assez simple, il faut :
- connaître la recette de l’émail que vous utilisez sur vos céramiques
- savoir la transformer en formule à l’aide d’un petit calcul
Nous vous expliquons comment passer d’une recette à une formule dans le cours en ligne sur les émaux.
Quels composants éviter lorsque l’on fait de l’émail alimentaire ?
On ne peut pas simplement indiquer aux céramistes débutants quels produits éviter ! À part, encore une fois, le plomb et le cadmium et le sélénium. Même si vous utilisez des oxydes colorants critiques, il s’agit toujours d’un équilibre dans la recette et dans le mode de cuisson. Ainsi, si vous voulez faire de la céramique alimentaire, il est important de vous former à la création des émaux pour produire des pièces saines et sans danger pour la table.
En quoi la cuisson influence-t-elle la stabilité chimique d’un émail ?
Une cuisson rapide et à basse température de l’émail ne permet pas à l’émail de fusionner avec la terre, c’est pourquoi il risque de s’abimer rapidement. A l’inverse, une cuisson lente et à haute température permet une fusion étroite entre la terre et l’émail assurant ainsi une meilleure stabilité dans le temps.
Les émaux mats sont très à la mode, mais si l’émail est mat, c’est qu’il n’est pas assez cuit. Le verre de l’émail n’a pas eu le temps de se former et ne peut donc pas « encapsuler » les éléments toxiques. Pour de la vaisselle, il vaut donc mieux toujours préférer les émaux brillants (et c’est aussi plus facile à laver) !
Les poudres d’émail préfabriquées sont-elles plus sûres ?
Vous pourriez être tentés de vous dire qu’en achetant vos émaux déjà mélangés, vous éviterez les problèmes de toxicité ? Eh bien non, pour les raisons évoquées précédemment, les poudres d’émail préfabriquées ne peuvent pas garantir une utilisation sûre sur de la céramique alimentaire. Comme dit plus haut, la cuisson de l’émail est l’un des facteurs les plus importants de cette non-toxicité, c’est donc sur votre savoir-faire de céramiste que repose la sécurité des plats que vous allez créer.
Les céramiques industrielles sont-elles plus sûres ?
Encore une fois, non, le caractère industriel d’une céramique ne constitue pas une garantie de sécurité alimentaire. De nombreux revendeurs de céramique industrielle importent des pièces de pays dans lesquels elles ne subiront jamais de tests.
En revanche, il n’est pas dangereux de boire dans une céramique artisanale faite par un céramiste connaissant son métier, ayant un minimum de formation en chimie et désireux de respecter les règles de sécurité énoncées plus haut !
Centre de ressources
animé par Matthieu Liévois,
potier-céramiste depuis plus de 40 ans et fondateur de l’école Créamik
Retrouvez tous les cours
Mots clés
Ne ratez plus les nouveautés de l’école Créamik !